Attendu le lundi 27 novembre 2017 au Burkina Faso dans le cadre de sa première tournée africaine, Emmanuel Macron, fraichement élu président de la République française avait pris le soin de bien préparer et pour chacune de ses destinations (Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Ghana) un discours rassembleur et politiquement correct.
En 2007 à Dakar, l’ancien président français Nicolas Sarkozy avait déjà eu droit à son grand oral, ce qui a d’ailleurs suscité en son temps de mémorables colères surtout d’une frange d’intellectuels africains. Un livre a même été publié où l’Afrique aurait répondu à Sarkozy.
C’est donc au Burkina Faso, que le président Macron pose ses premières valises. Jeune, ambitieux, stratège, si quelque chose lui était chère, c’est de renouveler les relations entre la France et l’Afrique et il s’était donné les moyens d’y arriver, du moins c’est ce que l’on comprend pour l’avoir entendu prononcé son premier discours.
Contrairement à ses prédécesseurs, le président Emmanuel Macron avait déjà un peu roulé sa bosse en Afrique pour avoir effectué un stage à l’ambassade de France au Nigéria, ce qui lui as permis de s’y acclimater quelque peu. Le discours de Ouagadougou était très attendu, la jeunesse africaine s’était mise sur son 31 et gardait dans son esprit l’espoir d’un changement de ton. Elle ne comptait plus se laisser distraire ni moraliser, dans son esprit certaines questions longtemps restées sans réponses devaient être épluchées. Le président a-t-il vraiment eu les mots nécessaires pour faire basculer la balance ? Il n’en demeure pas moins que des étudiants réunis pour la circonstance l’ont acclamé tout en saluant sa démarche.
L’un des sujets resté jusque-là sans suite favorable, et que l’assemblée ne s’attendait pas à ce que ça soit évoqué s’immisça dans le discours du président français. Il dit donc :
” Le premier remède c’est la culture, dans ce domaine, je ne peux pas accepter qu’une large part du patrimoine culturel de plusieurs pays africains soit en France. Il y a des explications historiques à cela mais il n’y a pas de justification valable, durable et inconditionnelle, le patrimoine africain ne peut pas être uniquement dans des collections privées et des musées européens. Le patrimoine africain doit être mis en valeur à Paris mais aussi à Dakar, à Lagos, à Cotonou, ce sera une de mes priorités. Je veux que d’ici cinq ans les conditions soient réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en Afrique”.
C’est donc à Bénédicte Savoy, professeure d’histoire de l’art à l’Université technique de Berlin et Felwine Sarr, professeur d’économie à l’Université Gaston Berger au Sénégal que le président français commandite un rapport des plus sérieux afin de connaître les tenants et aboutissants. Le devoir de cette restitution d’objets n’est que la résultante d’une histoire riche, étroitement liée à un passé colonial et qui déplore le sort infortuné d’un patrimoine vivant et inestimable. Ainsi Benedicte et Felwine, faisant dans leurs travaux pleine lumière , ont tout simplement recommandé que ces objets soient retournés à leurs légitimes propriétaires. Les conservateurs de musées, les marchands d’art, les collectionneurs privés, les antiquaires, tous farouches opposants à la restitution y ont immédiatement vu un chef-d’œuvre de démence. D’autres, incrédules, se sont posés la question du ou des lieux supposés accueillir les objets à restituer, tout en redoutant qu’ils fassent l’objet de vols et de trafics de tous genres.
C’est donc dans cette dynamique que le président Macron s’est engagé à restituer vingt-six (26) pièces au Bénin, fort d’une demande pressante du pays depuis 2016. Une bonne partie de ces pièces ont appartenu à la cour royale du Dahomey (…) et ont été collectées durant l’expédition militaire du général Alfred Amédée Dodds au Bénin entre 1892 et 1894.
De Paris à Cotonou, c’est avec un grand intérêt que notre média a suivi le retour au bercail de ces beaux objets, qui font aujourd’hui la fierté du patrimoine culturel du Bénin et draine tout un monde curieux de jeter un coup d’œil rétrospectif sur une partie de l’histoire du Bénin.