Le terme impeachment n’est rien d’autre qu’une destitution. Et qui dit destitution parle forcément d’une personne qui occupait une fonction donnée. D’un point de vue légal dans le droit anglo-saxon, c’est le pouvoir législatif qui est saisi quand quelqu’un est gravement mis en accusation pour faute grave ou trahison. Afin de permettre que ce haut fonctionnaire ait droit à un procès pour établir sa culpabilité ou non, on doit d’abord le démettre de ses fonctions.
On observe cette procédure juridique dans bon nombre de pays, contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’Amérique n’est pas le seul pays où elle est pratiquée.
De l’histoire des États-Unis d’Amérique à ce jour, trois présidents ont été confrontés durant leurs mandats à cette procédure exceptionnelle : Andrew Johnson en 1868, Bill Clinton en 1998 et Donald Trump deux fois de suite en 2019 et 2021.
Quant à Richard Nixon, secoué par l’affaire des écoutes du Watergate, il a été menacé de destitution en 1974, mais a préféré démissionner avant même que le Sénat ne se prononce.
Cependant aucun de ces quatre présidents mis en accusation durant leurs différents mandats, n’a été démis de ses fonctions.
L’histoire retiendra que le président Andrew Johnson fut le premier président des États-Unis à être mis en accusation. L’homme était un démocrate et il hérita de la présidence au lendemain de l’assassinat de son prédécesseur Abraham Lincoln., devenant ainsi le 17è président des États-Unis. Mais son mépris accru pour la population noire et ses tendances antiabolitionnistes lui ont porté préjudice.
Consterné par certains aspects inquiétants de sa gouvernance, le congrès vota le Freedmen’s Bureau bill et le Civil Rights Act pour énoncer que tous les citoyens étaient libres et égaux. Ce qui évidemment mécontenta le président Andrew qui dans un premier temps voulu opposer son véto sans pouvoir y arriver.
Et comme si cela n’était pas suffisant, le congrès vota pour finir le Tenure of Office Act afin d’empêcher le président de mettre à la porte abusivement et sans obtenir le blanc-seing du congrès, des hauts fonctionnaires. Et quand il renvoya le secrétaire d’état, Edwin Stanton en aout 1867, la chambre des représentants n’eut aucun choix que de taper du poing sur la table en commençant une procédure de destitution à son encontre.
Rappelons qu’Andrew Johnson sera mis hors de cause à une voix près. Toujours est-il que même si cela n’a pas abouti, cette procédure d’impeachment la première dans l’histoire politique des États-Unis a laissé un trou dans sa carrière et dans son palmarès.
Qu’en était-il donc de Bill Clinton ?
Longue croissance économique, mais aussi quelques scandales. Voilà ce que l’on retient du parcours de Bill en tant que locataire de la maison blanche de 1993 à 2001.
Né en 1946, Bill fut le 42ème président des États-Unis. Démocrate hors pair, la vie en son temps était plutôt cool. Afin d’accéder au pouvoir il a bâti son slogan de campagne électorale sur l’importance et l’urgence d’une économie robuste.
« It’s the economy, stupid », « c’est l’économie, idiot » disait-il
Cela a été sa planche de salut, puisqu’il passa 8 bonnes années à la tête de la première puissance mondiale.
Dans son livre autobiographique intitulé « My Life » qui devint vite un bestseller, publié en juin 2004, Bill se confie aux lecteurs la main sur le cœur, ce qui lui a valu des encensements et pas des moindres.
Larry McMurtry, du New York Times Book Review, disait exactement ceci :
« L’autobiographie présidentielle américaine la plus riche – aucun autre livre ne nous raconte de manière aussi vivante et complète ce que c’est que d’être président des États-Unis… Et il sait écrire ».
Bill dédicaça son autobiographie à sa mère, à Hilary son épouse, à sa fille Chelsea, et à la mémoire de son grand père James Eldridge Cassidy, qui selon ses dires lui a appris à respecter les gens que d’autres méprisent, parce que nous ne sommes pas si différents après tout.
Notons que dans cette série de dédicaces, en aucun moment ne figure le nom de son père, ni biologique, ni adoptif.
Bill est Né de William Jefferson Blythe, son père et de Virginia Cassidy Blythe, qui après s’est remise ensemble avec Roger Clinton (son beau-père) que bill appelle affectueusement « Daddy ».
Nourrissant des ambitions politiques, le jeune homme gravit vite les échelons.
Il se maria à Hilary le 11 octobre 1975. La jeune femme était belle, lui charmant, éloquent et plein d’ambitions. Ensemble ils voulaient à défaut de conquérir le monde, conquérir l’Amérique.
Ainsi d’une prouesse à une autre, il sera élu dans la nuit du 3 novembre, 1992 en tant que 43e président des États-Unis d’Amérique.
Il prit tout le plaisir du monde à gouverner. L’on se souvient de sa visite à Nelson Mandela dans sa prison de Robben Island. Mais vint un jour, où sa chair devint si faible qu’il céda à la tentation croyant pouvoir s’en défaire une fois pour toutes.
Il est quasi impossible d’évoquer la présidence de Bill sans faire allusion à l’affaire Monica Lewinsky où le président a été accusé d’avoir eu des relations extraconjugales avec une jeune stagiaire de 22 ans qui avait travaillée à la maison blanche.
Dans un discours intitulé, « The price of shame : le prix de la honte », adressé devant une assemblée de Ted Talks, Monica est revenue sur cette partie sombre de sa vie.
Voici un court extrait :
« A l’âge de 22 ans, je suis tombée amoureuse de mon patron et à 24 ans j’en ai souffert les conséquences dévastatrices. S’il y a des gens ici présents qui n’ont pas commis d’erreur à 22ans, qu’ils lèvent la main. » exhorta-t-elle
Comme personne dans l’assemblée n’osa lever son petit doigt par crainte de la frustrer peut-être, elle continua de plus bel :
« Donc comme moi, certains d’entre vous ont pris le mauvais chemin, sont tombés amoureux de la mauvaise personne ; peut-être même de leur patron. Mais le vôtre, ajouta-t-elle, n’était probablement pas, comme le mien, le président des Etats-Unis“.
Au moment où l’affaire éclata Monica et Bill vont nier toute implication dans ce scandale.
Le 26 janvier 1998, le dos au mur, Bill déclara pour calmer le feu :
« Je n’ai jamais eu de relations sexuelles avec cette Mademoiselle Lewinsky », avant de confesser le 17 aout 1998 ce qui suit :
« Oui j’ai eu une conduite que je déplore. Ces rencontres ne comportaient pas de caractère sexuel avec pénétration, mais elles comportaient des contacts intimes déplacés »
Pour avoir menti sous serment, en décembre 1998, une procédure de destitution a été intentée contre lui. En février 1999, les sénateurs se penchent sur la question, mais il s’en sort indemne, acquitté.
Hilary sa femme pendant tout le temps qu’a duré l’affaire, a toujours été là pour son mari. Elle l’a soutenu jusqu’au bout.
Une faute avouée n’est-elle pas à moitié pardonnée ?
Le président Trump quant à lui a connu deux procédures de destitution :
La première le 18 décembre 2019 avec 2 chefs d’accusation : abus de pouvoir et obstruction au pouvoir.
La deuxième, votée le 13 janvier 2021, pour incitation à l’insurrection à la suite de l’assaut du Capitole.
le procès s’ouvre le 09 février 2021 devant le Sénat. Il est acquitté le 13 février 2021.