Une œuvre cinématographique éclatante confronte l’oubli collectif et ravive les souvenirs d’un passé sombre de l’Allemagne coloniale en Namibie.
Dans une démarche courageuse et éclairante, le réalisateur allemand Lars Kraume apporte à l’écran une facette méconnue de l’histoire allemande dans son film “L’homme mesuré” (Der vermessene Mensch). Un récit captivant qui exhume le génocide impitoyable perpétré par l’armée coloniale allemande contre les peuples indigènes Herero et Nama en Namibie, entre 1904 et 1908.
Le film présenté le mercredi 22 février, dépeint le parcours d’Alexander Hoffmann, un ambitieux doctorant en ethnologie, qui, lors d’une “exposition des peuples” à Berlin, se lie d’amitié avec des délégués Herero et Nama. À travers l’histoire d’Alexander qui veut suivre les traces de son père mort en Afrique et de son lien étroit avec l’interprète Kezia Kambazembi, le film explore les interactions complexes entre l’ambition, la morale et la complicité alors que l’histoire tourne au génocide.
Le film présenté le mercredi 22 février, dépeint l’histoire “d’Alexander Hoffmann, un ambitieux doctorant en ethnologie. Lors d’une “exposition des peuples” à Berlin, il se lie d’amitié avec une délégation de Herero et de Nama d’Afrique du Sud-Ouest allemande et fait la connaissance de l’interprète Kezia Kambazembi. Quelque temps plus tard, le soulèvement des Herero et des Nama dans la colonie allemande conduit à la guerre. Hoffmann voyage avec des soldats à travers le pays et est témoin des atrocités commises par l’armée coloniale. Mais Hoffmann dépasse également les limites morales lorsque son employeur à Berlin lui demande d’envoyer en Allemagne des crânes et des squelettes de Hereros tués à des fins de recherche raciale. Lorsque l’ethnologue apprend que Kezia se trouverait dans un camp de concentration à Shark Island, sa propre dégénérescence atteint son paroxysme. Sa quête de Kezia se transforme en un voyage dans les ténèbres du premier génocide du XXe siècle“*.
En 2021, l’Allemagne a enfin reconnu officiellement le génocide, signant un accord financier avec la Namibie pour soutenir les descendants des victimes. Toutefois, le film de Kraume met en lumière les conséquences durables de cette tragédie sur les communautés Herero et Nama, dont l’histoire demeure souvent occultée dans la société allemande.
Le réalisateur, Lars Kraume, confie : “Nous espérons que le film contribuera à créer une prise de conscience pour cette histoire refoulée. Mon scénario évoque cette responsabilité que nous portons et qui reste à assumer.” Alors que le débat sur la restitution des biens culturels et les demandes de réparation gagne en ampleur, “L’homme mesuré” se dresse comme une invitation urgente à explorer un passé longtemps négligé.
Le film, qui a fait ses débuts au festival de Berlin, s’est depuis aventuré en Namibie, projeté grâce à un cinéma mobile alimenté par l’énergie solaire, suscitant des discussions profondes et des réflexions collectives sur un héritage douloureux. Il devrait bientôt sortir dans les cinémas européens, offrant au public l’occasion de se plonger dans cette page de l’histoire allemande rarement explorée.
“L’homme mesuré” éclaire les zones d’ombre du passé, illustrant le pouvoir du cinéma en tant qu’outil de dialogue, de réflexion et de réconciliation. Cette œuvre audacieuse pose un regard honnête sur l’histoire, invitant chacun à s’interroger sur notre responsabilité collective dans la reconnaissance des erreurs passées et dans la construction d’un avenir empreint de justice et de compréhension.
* source : notrecinema.com