Autorité, savoir / A quoi servent les profs ?

En regardant ce soir l’émission télévisée “C ce soir” sur France 5, le thème du débat m’a profondément interpellé : À quoi servent véritablement les enseignants ? Dans un pays comme le Bénin, où j’ai grandi, je dirais qu’ils sont indispensables dans tous les aspects de la vie tant que les apprenants sont sous leur autorité.

À l’époque, peut-être que les choses ont évolué depuis, un enseignant était à la fois un éclaireur, un mentor, un parent, et bien plus encore. J’ai effectué mes études secondaires dans un lycée protestant, le plus renommé du pays. Quant au collège, j’ai fréquenté un autre établissement scolaire. Mon professeur d’anglais en sixième, Monsieur ZANDO, occupe une place particulière dans mes souvenirs. C’est en grande partie grâce à lui que je suis aujourd’hui parfaitement bilingue.

Les histoires liées à mes professeurs me reviennent sans cesse. Ce que je retiens, c’est que ceux avec qui j’ai eu affaire n’avaient aucune limite dans leur amour pour voir les élèves réussir, et les parents se sentaient rassurés dans cette situation. Entre l’effort et la détermination, le mot d’ordre était clair : “Faire réussir les élèves, quel qu’en soit le prix.” Beaucoup d’entre nous, doivent aujourd’hui leur “réussite” à cette philosophie et à l’engagement des enseignants, ainsi qu’au pacte tacite que nos parents avaient conclu avec ceux qui éduquaient leurs enfants.

Je me souviens très bien d’un poème intitulé “Ce qu’ambitionne un maître”. Au primaire, les enseignants s’assuraient que nous, les élèves, intégrions chaque vers de ce poème, et les insoumis étaient sévèrement réprimandés. Pour illustrer cette époque, nous étions en classe de première scientifique, où les profs des matières scientifiques étaient plus écoutés que leurs homologues des matières littéraires et autres.

Un après-midi, au cours d’éducation religieuse, nous sommes arrivés en retard. Notre professeur, qui était également pasteur protestant, a perdu son calme et nous a expulsés de la classe. Le surveillant général de l’établissement a saisi cette occasion pour prendre des mesures disciplinaires. Nous étions quatre lycéens concernés. Il a convoqué nos parents, menaçant d’exclure ceux dont les parents ne viendraient pas s’expliquer.

L’un d’entre nous, un certain Herman (son vrai prénom), n’a pas eu le courage d’informer ses parents de la situation. Son père était un haut fonctionnaire et n’avait pas de temps à consacrer à de tels problèmes. Herman craignait également les conséquences de cette révélation. Par conséquent, puisque le directeur ne connaissait pas personnellement son père, Herman a choisi de faire passer son oncle pour son père. Lorsque l’oncle d’Herman a découvert ce dont son neveu était accusé, il s’est mis en colère et a assené ce dernier de coups.

C’était une scène à voir. Les filles se sont moquées de nous, surtout d’Herman, qui a enduré des taquineries tout au long de l’année. Cette anecdote n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.

Ces profs n’étaient pas uniquement présents pour dispenser des cours, ils ont forgé nos destins de la plus belle manière.

Je leur suis reconnaissant.