Bourse de commerce, ce n’est pas fini. Nous pensons que nous y retournerons assez souvent. C’est l’un des lieux où l’art jouit de toute sa liberté d’expression. Visiter cet endroit, voir au fil du temps la Collection Pinault est une ode à la vie. L’exposition “Avant l’Orage” comme toutes les autres d’ailleurs a tenu promesse.
Que savons-nous donc de cette exposition ?
Avant l’orage” invite à un cheminement, de l’ombre à la lumière, au travers d’installations et d’œuvres de la Collection Pinault, emblématiques pour certaines, inédites pour d’autres, d’une quinzaine d’artistes qui métamorphosent tous les espaces de la Bourse de Commerce. Sur fond de dérèglement climatique, dans l’urgence de notre présent, avant que l’orage à nouveau n’éclate, ils inventent des écosystèmes instables figurant d’inédites saisons. Alors que les calendriers ancestraux étaient conditionnés par les mouvements cosmiques et les exigences de la terre, notre course effrénée au progrès et à l’abondance a irrémédiablement transformé notre environnement. Dans cette architecture de fer, de verre, de pierre et de béton qui pourrait tout aussi bien être celle d’une serre, les œuvres semblent être des paysages organiques traversés par la ronde désynchronisée du temps, faisant cohabiter l’obscurité et la lumière, le printemps et l’hiver, la pluie et le soleil, le jour et la nuit, l’humain et le non-humain.
L’artiste Danh Vo ancre dans la Rotonde un jardin sombre où les bois foudroyés, soutenus par les béquilles, entament une seconde vie. Par-delà nature et culture, par-delà ombre et lumière, un autre chemin, dans l’œil du cyclone, demeure encore possible. Source : Note de la rédaction de la Bourse de Commerce / Pinault Collection
Frank Bowling, Texas Louise, 1971. Acrylique sur toile. Pinault Collection
Au salon, l’artiste Frank Bowling peint au travers de grands aplats colorés et diffus une cartographie du monde, abstraite, et pourtant toujours géopolitisée.
Source : Note de la rédaction de la Bourse de Commerce / Pinault Collection
Danh Vo, TROPEAOLUM
Danh Vo, artiste d’origine vietnamienne et de nationalité danoise, enfant de boat people émigré dans ce pays scandinave, est, de par son expérience issue d’un déplacement radical, traversé dans son corps par les strates de l’histoire. Sa pratique est faite de collecte d’objets et d’images qu’il réactive par un geste, une situation nouvelle. La trajectoire intime y résonne fréquemment avec la géopolitique.
Source : Note de la rédaction de la Bourse de Commerce / Pinault Collection
Jardin sombre s’enracinant dans la Rotonde, TROPEAOLUM s’inscrit comme un territoire mutant, où s’entremêlent les récits. Les troncs de chênes foudroyés, victimes des intempéries dans les forêts françaises, sont soutenus par des structures de bois de construction. Des morceaux de bois issus des forêts durables de Craig McNamara composent aussi cette installation.
Source : Note de la rédaction de la Bourse de Commerce / Pinault Collection
Ce dernier est le fils de Robert McNamara, ancien secrétaire à la Défense qui, en tant qu’architecte de la guerre du Vietnam, a la responsabilité indirecte de l’exil de la famille de l’artiste. Laquelle, fuyant les conséquences de ce conflit, a été amenée à s’installer au Danemark.
Source : Note de la rédaction de la Bourse de Commerce / Pinault Collection
L’oeuvre puise également ses racines dans la vie que Danh Vo mène dans son atelier-ferme à GÜldenhof, près de Berlin: TROPEAOLUM en tire sa temporalité particulière; rien n’y meurt jamais vraiment, les possibilités de survivance et de mutation demeurent.
Source : Note de la rédaction de la Bourse de Commerce / Pinault Collection
D’autres œuvres de l’artiste, appartenant à la Collection Pinault, y trouvent refuge et entament un dialogue avec d’anciennes sculptures en bois collectées par l’artiste.
Source : Note de la rédaction de la Bourse de Commerce / Pinault Collection
Les fantômes de l’histoire comme les vestiges de la culture s’hybrident pour donner corps à une renaissance végétale.
Source : Note de la rédaction de la Bourse de Commerce / Pinault Collection
Benoît Piéron, L’écritoire, 2022-2023
Le travail de Benoît Piéron tisse les liens entre la vie et la mort, autant qu’entre nature et culture. Depuis les tiroirs d’une ancienne écritoire, typique du mobilier maritime de la fin du 19e siècle, poussent des végétaux soigneusement choisis par l’artiste. Ils ont été sélectionnés pour leurs propriétés pharmacologiques et pour leurs significations culturelle et historique.
Herbes de “sorcières” ou plantes létales, hallucinogènes ou abortifs, ces végétaux déclinent tout un univers qui dit beaucoup de nos modes de vie et de pensée. Nourrie par le rapport intime que Bénoît Piéron entretient avec la maladie, la mort et le soin.
Source : Note de la rédaction de la Bourse de Commerce / Pinault Collection
Felix Gonzalez-Torres, ”Untitled” (Alice B. Toklas’ and Gertrude Stein’s Grave, Paris), 1992. Tirage chromogène encadré
AT
La photographie de Felix Gonzalez-Torres présente les fleurs qui entourent la tombe, située au cimetière du Père-Lachaise à Paris, du duo lesbien formé par les femmes de lettres Gertrude Stein et Alice B. Toklas. Proche de l’avant-garde, le couple relevait autant de l’intime que du politique. L’œuvre aborde la question de la porosité entre l’espace privé et l’espace public ; la mort devient aussi le point de départ du vivant, et le végétal se fait l’écho d’une histoire humaine. La nature apparaît alors comme un prolongement de la culture.
L’œuvre de Benoît Piéron résonne avec le travail de Felix Gonzalez-Torres dont il partage l’espace d’exposition : un lieu où quelque chose survit toujours et où les porosités entre vivant et non-vivant demeurent floues.
Source : Note de la rédaction de la Bourse de Commerce / Pinault Collection
Robert Gober, Waterfall, 2015-2016, détail. Laine, coton, bois, peinture sur mastic époxy et résine, pompes de recyclage, lumières et eau. Pinault Collection.
Chez Robert Gobert, un paysage énigmatique et sauvage surgit d’une veste de costume, et le spectateur, captif du dispositif, en devient à son tour un personnage. L’œuvre interroge la fausse neutralité du regard. Ce dernier s’y transforme en objet : le spectateur de Robert Gober devient une partie de l’œuvre elle-même
Source : Note de la rédaction de la Bourse de Commerce / Pinault Collection
Anicka Yi, Elysia Chlorotica, 2019. Varech, Aquazole, glycérine, crêpeline, acrylique, LED, insectes animatroniques.
AT
Anicka Yi, artiste américaine d’origine sud-coréenne, développe une pratique plastique irriguée par la biologie, explorant les porosités entre le vivant et l’artificiel. Elle compose ici un paysage mutant où des cocons d’algues, l’un des éléments les plus importants de la biomasse, accouchent d’insectes animatroniques. Du végétal nait le mécanique, sans le concours apparent de l’être humain. Le son émis nous rappelle que l’expérience de l’art n’est pas toujours uniquement visuelle.
Source : Note de la rédaction de la Bourse de Commerce / Pinault Collection
AT
Des peintures semblant vivantes, animées par un effet holographique, achèvent de transformer l’espace d’explosion. Issues de la série “ÄLn§n”, ces images ni figuratives ni abstraites sont le produit d’une collaboration entre l’artiste et l’intelligence artificielle : différents algorithmes sont nourris de vues d’autres œuvres de l’artiste et d’images diverses (cellules, algues, minéraux…).
Source : Note de la rédaction de la Bourse de Commerce / Pinault Collection
AT
Loin de mythologie de la peinture qui sanctifie l’image d’un auteur unique, les tableaux d’Anicka Yi laissent la place à des intentions qui ne sont pas humaines.
Source : Note de la rédaction de la Bourse de Commerce / Pinault Collection
Cy Twombly, Coronation of Sesostris, 2000 détail). Partie III : acrylique, crayon de cire et crayon toile, 10 éléments. Pinault Collection
Dans la galerie, tout est affaire de cycle et de relation. Y est installé le polyptyque Coronation of Sesostris du peintre Cy Twombly, disgression aussi ombrageuse que céleste sur le voyage mystique d’un pharaon apparenté au dieu du soleil. Le signe, flottant de tableau en tableau, est à la fois un astre, une barque, un œil.
Source : Note de la rédaction de la Bourse de Commerce / Pinault Collection
Thu Van Tran
AT