” L’histoire de la Bourse de Commerce se déploie du 16e siècle jusqu’à nos jours. Elle fut successivement marquée par de nombreuses transformations architecturales, emblématiques de leur temps: résidence de la reine Catherine de Médicis au 16e siècle, Halle au Blé de la ville de Paris au 18e siècle, Bourse de Commerce au 19e siècle puis siège de la Chambre de commerce et d’industrie au 20e siècle.
En 2016, la Ville de Paris confie le bâtiment à François Pinault qui engage la restauration et la transformation en musée d’art contemporain sous la houlette de l’architecte japonais Tadao Ando, de Pierre-Antoine Gatier, architecte en chef des monuments historiques et de l’agence d’architecture NeM/Niney et Marca architectes“.
C’est en ces mots que le musée lui-même raconte sa propre histoire. Le samedi 7 janvier, premier samedi de l’année, comme cela est de coutume, la Bourse de Commerce organise une nocturne gratuite pour une présentation au grand public de ses collections. Nous y avons promené notre caméra et recueilli des images inédites. Pour une première expérience, artistiquement notre satisfaction était à son comble.
Ci-dessous, un aperçu:
Il faut monter au 2e étage dans la galerie 5 pour contempler l’œuvre Gober Wedding Gown de Sturtevant. Il s’agit d’une seule robe de mariage en satin blanc qui cite une œuvre de l’artiste Robert Gober datant de 1989, qu’elle reproduit à l’identique.
Cette sculpture argentée d’un homme sur un cheval qui attire d’emblée l’attention de toute personne qui passe ou qui cherche à se rendre dans le musée est l’oeuvre d’un artiste américain du nom de Charles Ray. La structure est intitulée : “Horse and Rider” (Cheval et cavalier) et a été installée sur le parvis de la Bourse de Commerce dans le cadre de l’ouverture de la première exposition d’ampleur consacrée à l’artiste en France.
Elle représente l’artiste monté sur un cheval. Horse and rider convoque la figure classique de la statue équestre, un « canon » inventé dans l’Antiquité, notamment à travers celle de l’empereur Marc-Aurèle, place du capitole à Rome, puis développé à la Renaissance à travers la représentation honorifique des condottiere (chefs de guerre), tel le Gattamelata de Donatello érigé à Padoue ou encore le Colleone de Verrochio, posté à Venise. Comme à son habitude, Charles Ray se sert du modèle qu’il a sous la main, le plus facile à réquisitionner, c’est-à-dire lui-même.
Bourse de Commerce
Rudolf Stingel, Untitled, 2001: Parois d’une pièce recouverte avec du Celotex TUFF-R/ Dimensions variables- Pinault Collection
Constituée de panneaux isolants tapissant les murs, l’installation de Rudolf Stingel occupe une pièce entière. L’espace réfléchi et le son assourdi donnent l’illusion d’un lieu en expansion. L’œuvre ne procède à aucune mise à distance entre elle et son public, lequel est invité à intervenir directement sur sa surface, que ce soit en l’écaillant, en le perforant ou en la grattant. Les traces qui en résultent rappellent les graffitis dans l’espace urbain et forment un palimpseste de signes hétéroclites marquant la présence comme l’absence des corps dont elles sont des empreintes. A la fois situation et image, unifiant l’action et la représentation, l’œuvre incarne la relation entre la création et la vie qui l’entoure.
Source: Ndlr Bourse de Commerce/ Pinault Collection
Photos: Jessica Rose Santos pour Artman Times
……
“Repeating the obvious” (Répéter l’évidence) est une œuvre de l’artiste Carrie Mae Weems. Il s’agit de 39 tirages d’archives numériques encadrées de la Collection Pinault.
L’œuvre reproduit sous différents formats une impression monochromatique bleue représentant un jeune homme noir vêtu d’un sweatshirt à capuche. Comme s’il émergeait de l’arrière-plan de couleur sombre, ce personnage reste vague, flou et impossible à identifier. Ce n’est que grâce aux nuances plus claires que son corps se devine, presque désincarné, flottant.
Source: Bourse de Commerce/ Pinault Collection
Il s’agit de la récupération d’une image de la série « All the Boys », réalisée par Carrie Mae Weems en 2016, alors que se mobilise le mouvement Black Lives Matter, en réaction aux nombreux meurtres d’afro-américains perpétrés par des policiers et des civils blancs. Dans ce contexte, la répétition de cette figure anonyme, dont les contours floutés se diluent dans le fond bleu du tableau, semble incarner la disparition, mais également la prolifération des actes de violence raciste.
……
…..