La beauté sauvera le monde. Fedor DostoÏevski

Liberté, les iraniennes veulent écrire ton nom

Crédit photo : C.Suthorn/cc-by-sa-4.0/commons.wikimedia.org

Iran, une goutte de sang fait déborder le vase.

Réprimés, depuis la prise de pouvoir des Mollahs en 1979, les Iraniens étouffent sous ce pouvoir.

Alors, lorsqu’une jeune Iranienne Kurde, Mahsa Amini, est battue à mort par la police des mœurs, c’est tout un peuple qui se soulève pour dire « stop ».

Mahsa Amini, symbole de l’émancipation féminine iranienne

La jeune femme, accompagnée de son frère, avait été arrêtée pour « port de vêtements non réglementaires » et emmenée par la police des mœurs dont la violence finira par l’envoyer dans le coma. Elle décède deux jours plus tard, le 16 septembre 2022. Les forces de l’ordre nient toute responsabilité dans cet « incident ».

S’en suivent de nombreuses manifestations pacifiques dans la ville natale de la jeune femme puis dans plusieurs villes iraniennes. La nation en colère crie justice pour cette victime innocente et la toile s’émeut de son histoire.

Très rapidement, les jeunes descendent dans la rue. Ce sont surtout des lycéens, collégiens et même des écoliers. Le mouvement est inédit de par sa durée, ténacité et diffusion : toutes les classes sociales sont touchées et il s’étend sur tout le territoire iranien.

Nés avec internet et les réseaux sociaux, les jeunes iraniens sont conscients de cette vie à l’occidentale. Ils aspirent à un avenir meilleur qui leur semble impossible sous ce poids.

Quant aux femmes, en protestation à ce régime oppressant à leur égard, elles enlèvent le voile, le brûlent parfois ou se coupent une mèche de cheveux (signe de deuil ou de révolte dans la tradition persane). Elles revendiquent le droit de porter ou non le foulard et surtout de vivre une vie libre.

Le 22 septembre, le monde est de nouveau secoué par l’histoire de Hadis Nafaji, une très jeune caissière iranienne sans histoire qui est abattue par plusieurs balles lors d’une manifestation.

Actualité en Iran : La révolte de tout un peuple

En Iran, on est loin du schéma de l’émancipation des femmes occidentales des années 40. Les femmes iraniennes sont éduquées, travaillent et c’était encore plus vrai avant 1979. Elles ne se soulèvent pas contre la mentalité de leurs pères ou de leurs maris, mais contre l’Etat.

Il ne s’agit pas seulement d’une révolution féministe mais bien politique, sociale et économique.

En effet, les hommes sont à leurs côtés dans cette démarche inédite. Ils ont bien compris qu’en 1979, les Mollahs avaient réussi à prendre le pouvoir sur le peuple en immobilisant d’abord la moitié de la société, les femmes. Aujourd’hui, les femmes iraniennes disent haut et fort que la libération du pays doit passer d’abord par la libération féminine. Elles sont donc devenues l’étincelle et le symbole de cette révolte générale qui se transforme en véritable révolution.

Au début des manifestations, les Iraniens dénonçaient fortement le régime d’apartheid sexuel et l’oppression envers les femmes, notamment en ce qui concerne leur tenue vestimentaire. Les premiers jours, les femmes scandaient d’ailleurs le slogan féministe kurde « Jin, Jiyan, Azadî » qui veut dire « Femme ! Vie ! Liberté ! ».

Mais très rapidement les manifestants se sont mis à réclamer la chute du régime clérical chiite.

Soutien de personnalités iraniennes et internationales

Naturellement, des manifestations de soutien envers les Iraniennes et le peuple iranien ont émergé dans le monde entier.

En Australie, les manifestants irano-australiens scandent « Be our voice » (« Soyez notre voix »).

Au Japon, on pouvait lire sur les pancartes à côté de la photo de Mahsa Amini « We’ll not stop » (« On ne s’arrêtera pas »).

Dans d’autres villes où la diaspora iranienne est importante, des manifestations de soutien sont organisées : à Paris, Londres, Toronto, Los Angeles, Madrid, Rome, Erbil, Berlin, Stuttgart, etc.

Plusieurs actrices françaises et espagnoles dont Juliette Binoche et Pénélope Cruz se coupent une mèche de cheveux sur les réseaux en signe de solidarité envers les femmes iraniennes. Ce geste sera repris par des milliers de personnes sur la toile.

A l’intérieur du pays, pas de journalistes étrangers pour rapporter des images et des informations précises. Juste quelques tweets et vidéos amateurs de ces jeunes Iraniens qui savent bien manier le VPN pour contourner la censure de l’Etat sur Internet. Les artistes iraniens prennent le risque de s’impliquer publiquement.

Quelques mois de révolte en Iran, et après ?

La révolte du peuple iranien a commencé mi-septembre et on sait que la répression de la police des mœurs ne s’est pas fait attendre.

Mais jusqu’où iront ces confrontations ?

Le régime iranien a-t-il un plan ?

Les manifestants imaginent-ils vraiment leurs dirigeants bifurquer ? Passer du contrôle et de la toute-puissance vers un système démocratique ou au moins un peu plus de libertés ?

En tout cas, les Iraniens ne semblent pas prêts à lâcher le morceau : pour enfin vivre libres et fiers.