Si vous croisez un Sénégalais ces jours-ci, et que vous lui dites “Nangadef ?”, il vous répondra à coup sûr “Mangui fii rekk !”
Au lendemain de la victoire de Bassirou Diomaye Faye aux dernières élections présidentielles au Sénégal, j’ai posté un statut WhatsApp avec la question : Diomaye-Sonko, celui qui a fait le roi est-il le roi ? Si la réponse se trouve bien évidemment dans la question, cela n’empêche pas de la poser, et les réponses qui me sont parvenues témoignent davantage de sa légitimité. Je partage ici quelques une :
Celui qui peut influencer les décisions du roi, c’est lui le vrai roi
Serge G.
Tout près n’est pas loin. Le pouvoir rend ivre.
Rodéric T.
J’attends de voir si il y aura la création d’un poste de vice-président ou si Sonko va se contenter de la primature. Je suis très fière de cette élection, ça ouvrira des portes.
Nolwenn A.
Il y a ceux qui voient le verre à moitié vide et ceux qui le voient à moitié plein. Le plus important, c’est qu’on a l’impression que l’on commence en Afrique à prendre conscience de l’importance du verre.
Brice M.
La politique n’est pas une science exacte. Il y aura des hauts et des bas. Le plus important, c’est d’avoir sauvé la démocratie au Sénégal.
Inès J.
Si toutes ces réponses sont crédibles, c’est parce qu’elles soulèvent une question intéressante sur la nature du pouvoir et de l’autorité. Dans le domaine politique, les alliances et les loyautés peuvent être volatiles, et le pouvoir peut souvent entraîner des changements dans le comportement et les décisions des individus. Le pouvoir politique peut en effet avoir un impact significatif sur le comportement des individus, et certaines personnes peuvent être tentées de trahir leurs anciens alliés ou leurs promesses antérieures une fois qu’elles sont en position de pouvoir. Cela peut être motivé par divers facteurs tels que l’ambition personnelle, la pression politique, les incitations financières, ou encore des désaccords sur les politiques ou les objectifs.
Dans ce cas précis, bien qu’Ousmane Sonko ne puisse pas devenir président lui-même, son influence et son soutien peuvent être considérés comme cruciaux dans le choix de Bassirou Diomaye. Dans cette perspective, on peut voir que celui qui “fait” le président (en influençant le vote populaire) peut exercer une forme de pouvoir même s’il n’occupe pas lui-même la position présidentielle.
Niccolò Machiavelli, un penseur politique italien du XVIe siècle, est célèbre pour son ouvrage “Le Prince”, dans lequel il explore les réalités du pouvoir politique et les moyens par lesquels les dirigeants peuvent maintenir et consolider leur autorité. Il m’est venu à l’idée de contextualiser cette situation à la lumière de son livre, et les problématiques qui me viennent sont : le réalisme politique, l’opportunisme politique, le calcul des risques et des récompenses.
Si nous ne doutons pas de l’influence, sauf erreur de ma part, nous ne savons pas encore le poste qu’occupera Ousmane Sonko dans le gouvernement de Mr Diomaye Faye et à quoi ressemblerait cette cohabitation qui a fait jusque-là ses preuves. Il s’agira surtout d’éviter les conflits de pouvoir, la défiance publique, la déstabilisation voire l’isolement politique.
Il est donc important pour tous les acteurs politiques du pays de respecter les principes démocratiques et de travailler ensemble pour le bien-être de la nation.