J’ai toujours été fasciné et intrigué par la Chine. Je préviens d’avance, je ne suis pas un sinologue.
Pour avoir grandi en Afrique, je me souviens de cette admiration particulière que je vouais pour les films chinois. Entre frères et amis, quand enfin on arrivait à regarder l’un de ces films Karaté, on aimait à s’inventer des postures de Shaolin et quand même le film fini, il se poursuivait toujours dans nos têtes jusqu’au prochain à regarder. Conscient que c’est de la mise en scène, la discipline dont font preuve les acteurs dans leurs rôles respectifs était sidérant.
L’acteur Bruce Lee en était un exemple vivant et pas seulement. Il était le héros de millions de personnes. L’annonce de sa mort a d’ailleurs été un deuil général.
C’est pour dire quoi ?
Pour la petite anecdote, quand j’étais adolescent, on avait un oncle qui venait souvent à la maison, il garait sa belle bécane sur laquelle c’était inscrit sur une plaque en dessous du siège arrière :
« To be a man is not a day job ».
Il se ventait d’être un épicurien et voyait presque tout temps les choses différemment de mes parents et de nous autres. L’oncle dont je vous parle n’avait qu’un seul enfant et quand on lui demandait ce qu’il attendait pour en avoir un autre, il prétendait dans sa réponse prendre exemple sur les Chinois. En poursuivant sa théorie un peu plus loin, il saluait la discipline de ces derniers et quand il était de bonne humeur, il vociférait que la Chine dirigerait un jour le monde.
Même si la raison évoquée pour s’auto-dissuader de l’urgence d’un deuxième enfant, eu égard à la politique de natalité en Chine, ne tenait pas la route, il y tenait dur comme fer. La cerise sur le gâteau, c’est que mon oncle aimait s’affubler d’une tenue d’un col un peu particulier que les anciens appelaient : le col Mao.
Ce que j’ai compris, c’est que ce col a été inspiré des tenues que portait le leader chinois Mao Zedong dont le col était semblable.
Depuis la nuit des temps, la Chine a toujours été là, d’une manière ou d’une autre, présente à sa façon, au milieu des choses. Comme son nom l’indique d’ailleurs, elle représente l’empire du milieu.
Je m’abstiendrai de remonter le temps jusqu’à l’époque des grandes dynasties chinoises qui ont longtemps dirigé le pays. Je rattraperai donc le train de l’Histoire à la station « Mao Zedong »
La Chine, il est important, comme pour la plupart des pays, a eu ses hauts et ses bas. En juillet 1949, Mao créa la République Populaire de la Chine après la chute des nationalistes menés par Tchang Kai Check. Leader incontesté du parti communiste chinois, Mao fut l’un des bâtisseurs de l’aurore. Sa politique était orientée vers l’intérieur. Quant à son successeur Deng Xiaoping, l’urgence était aux réformes et à une politique orientée vers l’extérieur. Ce dernier a ouvert le pays au monde et les investissements se sont multipliés dans le pays. Mais depuis l’ère Deng, aucun président n’a suscité l’engouement que suscite l’actuel président et Secrétaire Général du parti communiste Xi Jinping. On dit de lui qu’il est le « Karl Marx du 21e siècle ».
Depuis sa venue au pouvoir en 2012, la Chine n’est plus la même. Son histoire a pris un autre tournant sur tous les plans notamment, géopolitique. La Chine, on le remarque tous se dote au fil du temps de très grandes ambitions et si elle ne dit pas ouvertement vouloir conquérir le leadership mondial, comme l’a rêvé mon oncle, ses faits et gestes en disent long. Depuis les années 2000, la Chine n’a eu de cesse que de renforcer sa présence en Afrique, en ne s’imposant pas comme maitre, mais comme partenaire. Dans les pays tels que : Djibouti, Angola, Ethiopie, Guinée ou encore le Zimbabwe pour ne citer que ceux-là, la Chine a mis la main à la poche et signe de gros chèques.
Sans oublier of course la Zambie, qui fait figure de bon élève.
Si cela ne passe pas sans commentaires, Pékin poursuit vaille que vaille ses ambitions sur le continent. Nobles ambitions pour certains, quatre-de-chiffre pour d’autres, peut-être faut-il simplement voir le verre à moitié plein! Que ce soit l’aide au développement, les investissements directs étrangers, ou toute autre modalité via laquelle elle intervient sur le continent comme les échanges commerciaux, la Chine semble rester fidèle à sa « philosophie de développement ».
La question de Taiwan, qui ne cesse de défaire la chronique est une autre paire de manche.
Le 1er juillet 2021, le parti communiste chinois a fêté ses 100 ans de sa fondation, occasion pour les uns et les autres de communier ensemble, de faire un bilan du chemin parcouru et une projection sur le futur.
Cet ouvrage intitulé « Les mots de Xi Jinping » écrit par François Godement, historien de la Chine et spécialiste des relations internationales en Asie orientale, conseiller pour l’Asie à l’Institut Montaigne, publié aux éditions Dalloz, Collection A savoir, se focalise sur la personnalité et le style du président chinois et revient à s’en tenir à la quatrième de couverture sur « les citations extraites de discours et d’écrits reconstitués depuis les premières phases de sa carrière ».
J’ai pris plaisir à parcourir l’ouvrage et une citation m’a particulièrement touché. Je me dis que si mon oncle était toujours de ce monde, il n’aurait pas pensé le contraire.
« Le couteau s’aiguise sur la pierre, les hommes se forgent dans l’adversité »
Entretien avec Xi Jinping « comment je suis entré en politique », Zhonghua Ernu, n°7, 2000.