Une sagesse africaine dit que quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle. Écrivain, dramaturge, éminent historien guinéen qui s’est consacré à l’étude de la civilisation du Mandé et à des recherches dans le domaine des sciences sociales, Djibril Tamsir s’est éteint le 8 mars 2021 à l’âge de 89 ans. C’est à Conakry en Guinée qu’il nait le 9 janvier 1932. Après des études secondaires au Sénégal, il étudie l’histoire à l’université de Bordeaux.

Parmi ses œuvres, on peut citer son premier ouvrage académique « Recherches sur l’empire du Mali au Moyen âge » (1959), coécrit avec Jean Suret-Canale ; « l’histoire de l’Afrique occidentale » (1961) ; le recueil de nouvelles « Méry » (1975) ; « Sikasso, ou la Dernière citadelle » ; « Chaka » ainsi que plusieurs recueils de contes. Cependant, c’est son roman le plus célèbre, « Soundjata, ou l’épopée mandingue » (1960), qui lui apporte une renommée internationale. Dans un contexte où les traditions orales prévalent en Afrique noire, narrer l’histoire du plus illustre empereur du Mali en quelques pages n’est pas une tâche facile. Son succès exceptionnel découle en grande partie de cette réalisation. Alors qu’il était encore étudiant, il s’est lancé un défi audacieux : confronter les récits des voyageurs arabes sur l’Afrique du Moyen-âge avec ceux des griots, notamment sur l’empire du Mali. Il soumet le manuscrit à Alioune Diop, fondateur de la maison d’édition Présence Africaine.

Ce chef-d’œuvre est donc l’œuvre de cet homme généreux intellectuellement, avide de partager son savoir. Il nous lègue l’un des plus beaux textes, prouvant une fois de plus que l’Afrique est pleinement inscrite dans l’histoire, une histoire jalonnée de victoires, une histoire riche et en constante évolution.

Dans la description du livre, on peut lire : « Djibril Tamsir s’est mis ici à l’écoute de l’Afrique traditionnelle. Les paroles qu’il nous propose sont des paroles de griots. Nous apprenons l’histoire de l’ancêtre du grand Manding, celui qui, par ses exploits, a surpassé les légendes du fils du Buffle et du fils du lion : Soundjata, l’homme aux multiples noms, contre qui les sortilèges se sont avérés impuissants. Qu’il repose en paix. »